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Le papier par sa blancheur, sa fragilité, si facile à détruire, s'avère par sa faiblesse, parfaitement humain. Froissé, déchiré, il prolonge les codes de l'expression gestuelle. Le façonner éveille l'esprit à la sensualité du toucher. Mémoire de la forme, le papier est riche de toutes les promesses. La blancheur du calque évoque l'innocence des débuts mais aussi le deuil, le linceul .

 

Au Japon, on parle d'éducation, d'élévation du papier. Certains papiers sont "masculins", d'autres "féminins".

 

Une légende du VIIIe siècle dit qu'un seigneur utilisa des mannequins de papier de forme humaine pour tromper son ennemi. Pour moi, la feuille de calque humide étroitement appliquée sur le corps de l'autre, "empreintée" par ma main, crée une enveloppe presque transparente, et qui, une fois séche se détache comme une mue. Image d'une présence en creux, proche mais absente. La trace du corps est là, mais destructible et presque irréelle. Pour ne pas en rester là, une image (photo ou vidéo) du corps réel est projetée sur cette empreinte de papier. Simulacre qui montre, le temps d'un regard (apparition, disparition) la vanité du réel, l'illusion du "presque cela" du presque là.

 

Plus tard, le modèle disparut.

Seules les photos projetées subsistèrent.

Le photographe associa alors sa propre ombre à la projection, reconstituant ainsi, dans cette mise en scène le lien avec le corps absent.